Exeristes comstockii (Cresson 1880)

Exeristes comstockii (Cresson 1880)

Par Louise BABCHIA et Yoan GAIJI

Édité par Étienne Normandin

Texte et photographies ©2015 CC BY-SA 4.0, les auteurs

Exeristes comstockii femelle, capturée au Lac Croche de la Station de Biologie des Laurentides de l'Université de Montréal, le 3 septembre 2015
Exeristes comstockii femelle, capturée près du Lac Croche de la Station de Biologie des Laurentides de l’Université de Montréal, le 3 septembre 2015

Classification : 
Ordre : Hyménoptère
Famille : Ichneumonidae
Sous-famille : Pimplinae
Tribu : Ephialtini
Genre : Exeristes
Espèce : Exeristes comstockii (Cresson 1880)

Notre insecte a été capturé près du Lac Croche de la Station de Biologie des Laurentides de l’Université de Montréal, le 3 septembre 2015. L’insecte a été capturé en vol à l’aide d’un filet, dans une zone très humide, allant en pente et très abondante en fougères. L’espèce E.comstockii est une espèce très répandue et très abondante au Canada et en Amérique du Nord.

L'endroit de capture de l'espèce E. comstockii (zone humide, en pente et abondante en fougères).
L’endroit de capture de l’espèce E. comstockii (zone humide, en pente et abondante en fougères).

L’identification de l’espèce E.comstockii au sein du genre Exeristes s’est faite grâce à l’ouvrage Les insectes du Québec : guide d’identification d’Yves Dubuc (2014) (p.381) ainsi qu’en le comparant aux autres spécimens présents dans la Collection Entomologique Ouellet-Robert (QMOR). L’espèce parasitoïde E. comstockii ne semble pas faire le sujet de beaucoup d’études scientifiques. E.comstockii est un insecte hyménoptère faisant partie du groupe paraphylétique des « Parasitica ».

Identification :

L’ordre des Hyménoptères est caractérisé par la présence de crochets (hamuli) au niveau de l’aile postérieure permettant à celle-ci d’être reliée à l’aile antérieure. De plus, les Hyménoptères possèdent des pièces buccales de type broyeuses.

Pièce buccale de type broyeur
Pièce buccale de type broyeur
IMG_0152 - Copie (2)
La taille « de guêpe », caractéristique des Apocrita.
Les nervures de l’aile antérieure de Exeristes comstockii
Les nervures de l’aile antérieure d’Exeristes comstockii
IMG_0152 - Copie (2)
Le trochanter d’E. comstockii (second segment de la patte) divisé en deux (tr1 et tr2)
IMG_0157 (4)
La segmentation de la patte, de l’antenne et la présence d’un long ovipositeur : la morphologie caractéristique d’E. comstockii

L’identification du genre Exeristes et de son nom complet, s’est effectuée grâce à l’ouvrage Les insectes du Québec : guide d’identification d’Yves Dubuc (2014) qui la mentionne en légende dans ces photographies de l’espèce . En effet, il est difficile de trouver dans la littérature scientifique les caractéristiques morphologiques du genre Exeristes. La section classification de ce travail, l’identification de la sous-famille Pimplinae et de la tribu Ephialtini a été rendue possible par ce site internet.

En ce qui concerne l’identification du sexe du spécimen, E.comstockii est caractérisée par un dimorphisme sexuel. En effet, le mâle est reconnaissable par son abdomen cylindrique et long tandis que la femelle E.comstockii est caractérisée par la présence d’un long ovipositeur (5).

Le dimorphisme sexuel de l’espèce E.comstockii : le mâle est caractérisé par un dard et la femelle par un long ovipositeur (photos prises par Yves Dubuc, utilisé avec autorisation)
Le dimorphisme sexuel de l’espèce E.comstockii : le mâle
est caractérisé par un dard et la femelle par un long ovipositeur (photos prises par Yves Dubuc, utilisées avec autorisation)

Biologie et cycle de vie :
Exeristes comstockii sont des ectoparasites solitaires (le parasite vit sur la cuticule de son hôte) de larves d’insectes herbivores divers, mais notamment de Rhyacionia buoliana, un papillon de nuit qui attaque différentes espèces de pin en Amérique du Nord (7). Une des caractéristiques d’E.comstockii, est leur capacité à imiter la composition d’acides aminés de leur hôte pour pouvoir s’en nourrir, peu importe si la larve est un diptère, un lépidoptère ou même un hyménoptère. Les Ichneumonidea dont fait partie le genre Exeristes, peuvent trouver leurs hôtes en utilisant leurs organes sensoriels pour détecter les substances chimiques relâchées par les plantes que les hôtes mangent. Ces mêmes organes sensoriels sont utilisés lors de la période de reproduction afin de capter les phéromones produites par la femelle (3).

Les femelles de E.comstockii pondent leurs œufs dans leurs proies grâce à un organe ovipositeur (oviscapte), un long tube fin servant à pondre les oeufs. En effet, cet ovipositeur est capable d’atteindre leurs hôtes qui se trouvent à travers plusieurs centimètres de bois de pin (1). De plus, il est protégé par deux gaines protectrices lorsqu’il n’est pas utilisé. De nombreux parasitoïdes tels qu’E.comstockii peuvent se nourrir de fleurs sauvages comme source de nourriture supplémentaire (1).

Le cycle de vie d’un Ichneumonidé commence dès qu’il émerge de son hôte, et qu’il part à la recherche d’un partenaire pour s’accoupler. Suite à l’accouplement, la femelle cherchera une larve hôte à parasiter afin de pouvoir pondre ses œufs. Il est important pour la femelle de trouver un hôte pouvant être viable pour les futures larves comme source de nourriture. La femelle pondra des oeufs dans l’hôte, ceux-ci qui écloront et donneront des larves qui se nourriront par la suite de leurs hôtes, avant de pouvoir passer au stade adulte et sortir de son hôte (5).

Les Ichneumonidés sont haplo-diploïdes, et pratiquent la parthénogenèse arrhénotoque (leurs œufs fertilisés sont femelles et ceux non-fertilisés sont mâles). Les œufs des Ichneumonidés sont formés dans les ovaires, et sont interconnectés dans un réseau d’ovocytes qui les alimentent en nutriments. Si un Pimpliné (sous-famille de Exeristes) femelle ne trouve pas de nourriture, elle réabsorbera d’abord ses oocytes puis ses muscles. Les Pimplinés peuvent régénérer leurs oocytes, mais pas leurs muscles de vol (5).

Pour finir, l’espèce E.comstockii , et les Ichneumonidés en général, jouent un rôle important en agriculture, car ils peuvent être utilisée dans la lutte biologique contre des espèces nuisibles, notamment les lépidoptères, sans avoir recourt à des produits chimiques (4).à

Références:
1) Coppel H.C., Mertins J.W (2012). Biological Insect Pest Suppression. Springer Science & Business Media, p.75,83 (Biological Insect Pest Suppression)

2) Gauld I., Bolton B. (1988). The Hymenoptera. British Museum (Natural History) Oxford University Press. p.196 à 200, p.202.
3) Heimpel G. E., Collier T. R. (1996). The evolution of host-feeding behavior in insect parasitoids. Biological Reviews, 71: 373–400
4) Hoy, M., C.Herzog D., (2012). Biology Control in Agriculture IPM System. Elsevier Science, p.126
5) Quicke, D. L. J. (2014). Immature Stages, in The Braconid and Ichneumonid Parasitoid Wasps: Biology, Systematics, Evolution and Ecology. John Wiley & Sons p.
6) Sir Andrewes, C. (1969) The Libes of Wasp and Bees. Chatto &Windys p.12
7) Wajnberg E., Bernstein C., Van Alphen J., (2008). Behavioral Ecology of Insect Parasitoids: From theoretical approaches to field applications. John Wiley & Sons, p.3,7

8) Gilles Bourbonnais. Hyménoptère. Cégep de Saint-Foy. Note de cour :