Gryllus pennsylvanicus (Burmeister 1838)

Gryllus pennsylvanicus (Burmeister 1838)

le grillon automnal

Par Félix MASSÉ et Laurent MONTAGANO (édité par Paul MAYRAND)

Texte et images ©2014 CC BY-SA 4.0, les auteurs

Image 2
Cette femelle a été capturé à la Station de Biologie des Laurentides le 6 Septembre 2013

Cette espèce d’insecte appartient à l’ordre des Orthoptera, à la super-famille des Grylloidea, à la famille des Gryllidae et au genre Gryllus. Elle pourrait être confondue avec Gryllus firmus, mais bien que très semblable, elle s’y distingue par son oviscapte plus long.

Cet insecte possède une aire de répartition couvrant en grande partie l’Amérique du Nord: le sud du Canada, la majorité des États-Unis ainsi qu’une fraction du nord du Mexique. Ce succès s’explique par le fait que Gryllus pennsylvanicus possède une amplitude de tolérance élevée aux variations des conditions de son habitat. Ce dernier s’étend des champs et périphéries de forêts jusqu’aux cavernes et habitations humaines (tout refuge chaud pendant l’hiver aura tendance à attirer les grillons).

Le fait d’être omnivore et donc d’avoir un large spectre dans le choix de nourriture contribue aussi au succès de l’étendue géographique de l’espèce. En effet, Gryllus pennsylvanicus se nourrit principalement de plantes et de graines, mais aussi de petits fruits, de matière organique en décomposition et parfois même de petits insectes (incluant leurs propres juvéniles). Par contre, ces grillons sont aussi une proie facile pour plusieurs autres animaux, qu’ils soient oiseaux (prédateurs plus communs), amphibiens, petits mammifères comme le renard, reptiles, poissons, arachnides ou autres insectes.

La nuit, lorsqu’ils ne se nourrissent pas, les Gryllus pennsylvanicus mâles produisent des stridulations grâce au mouvement de leurs ailes: une rangée de dents sur les ailes postérieures frotte contre l’aile antérieure [1]. Ce « chant », dont la fréquence dépend directement de la température ambiante, attire des femelles lorsqu’il est fort. Par contre, un chant plus bruyant attire aussi plus de prédateurs. Une fois qu’il y a eu accouplement, la femelle peut procéder à la ponte des œufs dans du sable ou de la terre humide grâce à son oviscapte spécialisé qui lui permet de creuser. Après deux à trois semaines, les larves éclosent, s’alimentent et se développent pendant 12 semaines jusqu’à ce qu’elles atteignent le stade adulte. Faisant partie du groupe des orthoptères, ces larves ont un développement hémimétabole et conséquemment subissent une métamorphose incomplète. Une seule femelle pouvant pondre jusqu’à 400 œufs au courant de sa vie, il est heureux que seule une fraction des larves atteint le stade adulte.

Effectivement, les conséquences de l’arrivée d’un nombre anormal de grillons dans les milieux d’agriculture sont connues depuis longtemps et sont très souvent dévastatrices car chaque individu mange au moins l’équivalent de son poids en une journée. Par contre, même s’ils peuvent ravager des semences, ils peuvent aussi être utiles. En agriculture, ils peuvent servir dans la lutte biologique contre les plantes nuisibles en mangeant les graines de la « mauvaise herbe ». Gryllus pennsylvanicus occupe aussi une place très importante dans son écosystème, car il active la décomposition en transformant la matière végétale en matière fécale, contribuant donc à accélérer les flux d’énergie et de nutriments.