Formica obscuripes (Forel 1886)

Formica obscuripes (Forel 1886)

Par Adrien Bouckenhove (édité par Étienne Normandin)

 Classification

  • Ordre: Hymenoptera
  • Famille: Formicidae
  • Sous-famille: Formicinae
  • Tribu: Formicini
  • Genre: Formica
  • Espèce: Formica obscuripes

Morphologie

Les adultes de cette espèce ont pour la plupart le corps noir à l’exception de la tête rouge/orange. Ils possèdent 3 ocelles. L’abdomen est clairement segmenté et présente de nombreux poils à sa surface. Une caractéristique majeure de l’espèce est la présence d’une pièce intermédiaire entre le thorax et l’abdomen en forme de triangle dépourvue de poil.

 

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Photo par Erin Prado, www.AntWeb.org

Distribution géographique

Formica obscuripes est indigène d’Amérique du Nord. Elle est très répandue dans la moitié Ouest des États-Unis (Arizona, Nouveau Mexique) et du Canada (Colombie Britannique). À l’est, on l’a également localisée dans le Michigan, le Missouri, ainsi que dans la Province de Manitoba.

Notre spécimen a été trouvé au Québec où, bien que moins abondante, cette espèce a tout de même été recensée (Finnegan, 1977). Sa présence à cet endroit n’est pas aberrante de par les propriétés environnementales de la zone d’échantillonnage typiquement forestière.

Habitat

L’habitat de Formica obscuripes peut être changeant dépendemment des latitudes. Elle apprécie les plaines herbeuses, semi-herbeuses voir sableuses, mais est particulièrement friande des forêts de conifères ou de chênes. D’autre part, l’amplitude d’altitudes auxquelles on trouve ces fourmis est très importante : de 800 à 3200 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Ce choix d’environnement n’est pas le fruit du hasard. En effet, les Formica obscuripes sont également connues en tant que « Western Thatching Ant » car le toit de leurs fourmilières est un monticule de chaume (composée d’un enchevêtrement de brindilles/herbes/plantes/épines…).

Concernant la fourmilière elle-même, on va souvent la trouver autour d’une tige d’armoise. Elle n’est pas seulement souterraine, mais possède une partie extérieure (la partie supérieure) en forme de dôme. À l’instar des termitières, cette architecture permet un renouvellement de l’air et une évacuation de la chaleur à l’intérieur de la fourmilière. Sa partie inférieure est creusée de galeries dans le sol, pouvant atteindre jusqu’à 4 pieds (soit 1.2 mètre) de profondeur. Le dôme peut lui, faire jusqu’à 1 mètre de hauteur.

Une colonie peut compter de 10 000 à 40 000 individus, bien que de grands ensembles de fourmilières abritant plusieurs millions d’individus aient été observés.

Légende :

Photo prise par les rédacteurs à l’issu de la préparation du spécimen.

Spécimen de l’espèce collectée à la station des Laurentides sur le chemin du lac Cromwell (45.98898°N-74.00013°W) le 04/09/2014.

Le spécimen recueilli a été préparé au Jardin Botanique de Montréal dans le cadre du cours d’entomologie BIO 2440 sous la tutelle de Colin Favret. Les observations macroscopique et sous microscopes alliées aux guides (Ellison et al (2012)) ont permis d’identifier précisément l’insecte.

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Organisation de la colonie

En tant qu’espèce eusociale, la colonie est organisée en castes :

  • Les reines : Elles sont souvent plusieurs et dédient leur vie à pondre des œufs qui donneront naissance aux ouvrières et aux futurs princesses ailées qui, soit deviendront des reines à leur tour dans la colonie mère, ou qui fonderont leur propre colonie ailleurs.
  • Les ouvrières : Elles remplissent la majorité des tâches au sein de la colonie ; construisent la fourmilière, la réparent, chassent, coupent et récoltent des végétaux destinés à l’alimentation ou à la construction. Elles présentent un polymorphisme notable, arborant des corps allant de 4mm à 7.5mm, ce qui vaudra aux plus petites ouvrières de rester dans la fourmilière pour les travaux de réparation ou encore l’entretien des larves et des nymphes, pendant que les plus gros partiront en expédition pour trouver de la nourriture et des matières premières essentielles à l’expansion de la colonie.

Un comportement intéressant chez Formica obscuripes réside dans la stratégie employée par les femelles ailées pour s’emparer d’une fourmilière. En effet, c’est sans complexe qu’elles élisent domicile dans une colonie voisine d’une autre espèce et y détournent l’activité de ses membres à leur profit, par l’intermédiaire de phéromones qui leurs sont propres. La nouvelle reine supplante alors la précédente maîtresse des lieux et impose peu à peu sa descendance qui prend, au fil des générations, la place de l’ancienne espèce occupante (Weber, 1935).

Cycle de vie

Comme tous les hyménoptères, les « Western Thatching Ants » sont des holométaboles et effectuent donc une métamorphose complète : stades œufs, larve puis nymphe avant de devenir adulte.

Les œufs sont pondus durant tout l’été jusqu’à la mi-août dans la « chambre à couvain » de la fourmilière, où ils sont pris en charge par les ouvrières adultes, assurant ainsi leur bon développement.

Les oeufs prennent de 23 à 53 jours pour éclore, les larves se développent et après 7 à 23 jours, elles se transforment ensuite en pupe.  L’espérance de vie des adultes est en moyenne de 31 jours.

Références

A. Ellison, N Gotelli, E. Fransworth, G. Alpert (2012). A field guide to the ants of new England.

R. J. Finnegan (1977). Establishment of a predacious red wood ant, Formica obscuripes, from Manitoba to Eastern Canada. The Canadian Entomologist, 109, pp 1145-1148. doi:10.4039/Ent1091145-8

Weber, N.A. (1935). The Biology of the Thatching Ant, Formica obscuripes Forel, in North Dakota. Ecological Monographs, Vol. 5, No. 2, pp. 165-206